Le projet PRECARE vise à permettre à des initiatives « émergentes » d’occuper des espaces de travail dans des bâtiments temporairement inoccupés. A travers cette mise à disposition notre souci est de préserver et d’encourager la dimension de laboratoire de la Ville.
Le contexte et les objectifs du projet PRECARE
Le projet PRECARE veut favoriser l’émergence de nouveaux mouvements associatifs urbains, par la mise à disposition momentanée d'un espace pouvant accueillir leurs premiers pas.
Les espaces vacants ou inaffectés sont communément considérés comme les symboles d’abandon et d’inactivité d’une ville. Paradoxalement, si leur mauvais état, leur localisation peu stratégique, la brièveté de leur disponibilité ou l’incertitude quant à leur affectation future les rendent inadaptés au marché immobilier classique, ils constituent néanmoins des espaces potentiels pour des structures, des associations ou des individus acceptant des conditions d’occupation plus souples. L’émergence associative et culturelle d’une ville a besoin d’espaces pour se créer et se développer. Or, c’est souvent ce qui s’expérimente au sein de ces mouvements, autant dans le mode d’organisation que dans les activités qui nourriront la société de demain. La mise à disposition momentanée d’un espace permet à cette dimension expérimentale, vitale pour la ville, de subsister dans un contexte immobilier bruxellois de plus en plus difficile.
L'enjeu que se fixe PRECARE est d’encourager les propriétaires publics et privés à permettre l'utilisation temporaire de leurs bâtiments inoccupés. Faire prendre conscience qu'un bien, même vide pour quelques semaines, peut permettre à un individu ou un groupe de réaliser un projet, présenter un spectacle, lancer une recherche, créer un lieu de rencontre. A cet effet, PRECARE apporte toutes les garanties afin de faciliter et d’assurer l’engagement des propriétaires. Au-delà des enjeux sociaux, économiques et culturels du projet, que nous défendons en priorité, ces occupations temporaires offrent aux propriétaires une solution satisfaisante à la sécurisation et à la mise en visibilité de leurs biens dans l'attente d'une solution à plus long terme.
Cette démarche, que nous menons depuis 1999, trouve à présent de nombreux échos dans diverses initiatives similaires apparues en
Europe (voir THEORIE >Exemples > Occupations temporaires). Ces projets visent tous à promouvoir une meilleure gestion et un meilleur partage des espaces disponibles en ville.
Notre objectif est également de diffuser l’expérience acquise sous forme d’outils pratiques afin que des expériences similaires puissent se réaliser en dehors de PRECARE.
Quand un accord et une convention est effectuée entre le propriétaire et l’association émergente, PRECARE établit un relais avec l'asbl City Mine(d) afin d'apporter un soutien pratique à l’association tant pour la gestion collective de leur bâtiment que pour la structuration de leur projet.
PRECARE est un projet de l'asbl City Mine(d)
City Mine(d) est une organisation établie en 1997 dont l'objectif est de soutenir, initier ou encourager des projets créatifs de nature socio-culturelle dans
l'espace public.
Concrètement, des initiatives à petite échelle, de collectifs ou d'individus peuvent être e.a. soutenues à différents niveaux, que ce soit dans la réalisation d'un projet, dans la recherche de contacts précis, de tarifs avantageux, de location de salle, dans la rédaction d'un dossier, dans la formation d'une asbl ou en ce qui concerne des questions communautaires culturelles. La structure de City Mine(d) est flexible et ses interventions sont temporaires.
L'asbl reçoit des subsides structurels de la Communauté Flamande à travers le Stedenfonds. Au cas par cas, des subsides sont demandés en fonction des projets auprès des deux Communautés, de la Région Bruxelloise ou des communes. Le projet PRECARE a été ainsi subsidié par le Ministère de la politique des grandes villes pour l’année 2004-2005.
Plus d’infos sont disponibles sur le site www.citymined.org.
(Un nouveau site plus adapté à l’évolution du projet est actuellement en construction)
L'histoire du projet PRECARE
Le projet PRECARE existe depuis 1999. Au début, son action s'est principalement concentrée sur le soutien structurel à apporter à des jeunes collectifs dans l'occupation d'un bâtiment précis. Cette aide prenait principalement deux formes : soit un soutien à la négociation avec le propriétaire, soit une aide financière et matérielle dans la mise en conformité des bâtiments occupés.
PRECARE a ainsi aidé le « Cinéma Nova » dans ses négociations avec la KBC alors propriétaire du bâtiment qu’il occupe afin d'établir une convention d'occupation convenant aux deux parties.
PRECARE a également permis aux « Bains Connective » (asbl Krul) occupant les anciens bains de Forest de réaliser des travaux de sécurisation. Le même support a permis à l'asbl Projection Caliban de développer durant 3 ans un projet artistique et de formation sur le site de l'ancienne école Vétérinaire à Anderlecht.
Dans une seconde phase (début 2003 - 2004), le projet s’est réorienté dans une démarche plus prospective afin de faire face à une demande accrue engendrée par la diminution des espaces pouvant accueillir des activités émergentes à Bruxelles. PRECARE a donc rencontré les propriétaires publics et privés de la Région Bruxelloise afin de promouvoir le projet à une échelle plus large et de multiplier les partenariats.
Début 2004, trois nouvelles mises à disposition importantes de locaux ont abouti (voir PRECARE > Projets). Il s’agit d’une part d’une ancienne imprimerie de +- 600m², propriété de la commune de Jette, d’une maison unifamiliale appartenant à la Régie foncière de la Région Bruxelloise et d’un grand garage de +- 2000 m² appartenant à la SDRB (Société de développement pour la région de Bruxelles).
En 2005, PRECARE poursuit d'une part la prospection et se consacre à la concrétisation de nouvelles occupations. Une piste de collaboration structurelle avec le CPAS de Bruxelles est actuellement à l’étude. D’autre part, en se basant sur les actions et occupations en cours, le projet tente de perfectionner les outils afin de transmettre son expérience et d’encourager des initiatives autonomes, la communication (mise en place de ce site internet reprenant une base de données d’offres et de demandes d’espaces) et le background théorique du projet.
A qui s’adresse PRECARE ?
PRECARE soutient donc les projets non commerciaux d’associations ou d’individus actifs dans les domaines sociaux, culturels, urbains, environnementaux,… au stade de leurs premiers pas et/ou à un stade expérimental. La sélection se fait essentiellement sur base de la motivation des futurs usagers et leur adhésion à une charte de fonctionnement reprenant les choix défendus par PRECARE (voir la Charte: DEMANDES > Nouvelle demande ). A savoir, principalement : l’acceptation d’une durée déterminée d’occupation, l’adhésion et la participation active à un système de gestion collective du bâtiment.
PRECARE encourage d’autre part les propriétaires possédant un ou plusieurs bâtiments temporairement vides à les mettre à disposition et à soutenir par-là de telles initiatives. Une manière pour que ces nombreux espaces inexploités deviennent enfin des opportunités positives, génératrices et porteuses de projets nouveaux plutôt que d’engloutir des sommes astronomiques en gardiennage pour éviter qu’il ne s’y passe quoi que ce soit.
Quel est le rôle exact de PRECARE ?
Prospection
La seconde phase du projet (2003), a consisté à sensibiliser et informer les divers propriétaires de la Région Bruxelloise à la problématique.. Ont été rencontrés, des propriétaires publics : les Communes, les CPAS, la Régie Foncière de la Région Bruxelloise, la Société de Développement de la Région de Bruxelles Capitale, la SNCB mais aussi différents propriétaires privés et immobiliers. Ces rencontres ont permis de préciser petit à petit les formes et les développements nécessaires à la bonne marche du projet.
C’est un rôle que PRECARE continue de développer.
Services et conseils
PRECARE joue un rôle d’intermédiaire entre les associations et les propriétaires prêts à collaborer au projet. PRECARE assure une relation équitable entre les deux parties en apportant son soutien dans l'élaboration d'un contrat d'occupation précaire (voir OUTILS > Juridique), en proposant des solutions pour assurer les biens meubles et immeubles (voir OUTILS > Guide 1er Pas > assurances), des conseils concernant l'ouverture des compteurs (voir OUTILS > Guide 1er Pas > électricité) ou autres aménagements à prévoir pour permettre la mise en conformité, la sécurisation et l'utilisation optimale du lieu. Avec City Mine(d), PRECARE apporte également des conseils aux émergents pour réussir la gestion d’un bâtiment (voir OUTILS > Gestion d'un batiment).
Tous ces services sont repris dans le « Manuel de l’occupation temporaire » qui reprend les conseils et étapes garantissant le bon fonctionnement d’une occupation, sur base des expériences passées.
OUTILS > Guide 1er Pas
Médiatisation
Parallèlement, PRECARE vise à assurer une médiatisation du projet permettant tant aux propriétaires qu’aux collectifs de trouver une visibilité à travers le projet. C’est une des volontés qui sous-tend la création du site internet de PRECARE.
Sous forme d’une base de données, il permettra de centraliser à la fois les demandes d'espaces et les offres de bâtiments mis à disposition. Il se veut, à terme, une plate forme d'échange transversale et automatique. Sur le site, seront également disponibles des textes, des références et des renvois à des projets similaires, des conseils pratiques (entre autres le manuel d’occupation temporaire), les formulaires de demandes et d'offres et une interface d’échange d’espaces temporaires qu’il soient apparentés ou non au projet PRECARE.
Recherche
La thématique de l’occupation précaire ayant révélé sa pertinence nous souhaitons élargir les bases théoriques du projet en organisant des échanges avec les initiatives apparentées existantes en Europe.
Une rencontre est programmée à Bruxelles fin juin 2005. Elle comportera un présentation des différentes pratiques et une évaluation des avantages et inconvénients de chacune, une réflexion plus large sur la notion d’occupation temporaire, ses avantages et ses limites et finalement une réflexion sur la création d’outils pratiques favorisant cette pratique.
D’autre part, PRECARE collabore par le partage de son expérience à des études menées sur le sujet (entre autres mémoire de fin d’étude sur l’occupation temporaire par une étudiante de l’école d’architecture de la Cambre) et est sollicité pour exposer sa méthodologie et son expérience lors de rencontres sur le sujet, initiées autant par le secteur associatif que public.
(Rencontres à propos de la gestion d’ateliers pour artistes organisées par le Nicc
Rencontres autour de la lutte contre les chancres en Région Bruxelloise organisée par Inter-Environnement Bruxelles
Exposé du projet à la délégation culturelle catalane
Rencontres autour de projets alternatifs au système marchand organisés par Syndicats d’initiatives à Bordeaux).
Quelques sites intéressants dans le domaine de l’occupation temporaire
www.urbancatalyst.de
Etude européenne reprenant des textes réflexifs et des outils pratiques.
www.templace.com
Informations dans différents domaines pour l'occupation temporaire de bâtiments (textes de réflexions, outils pratiques, marché d'échange d'occupation.
www.vrijeruimte.nl
Mise en réseau
A terme, avec l'aide de City Mine(d), le souhait est de rendre visible le réseau mouvant formé par ces diverses occupations dans la ville, voire dans plusieurs villes européennes. Ceci tant par des collaborations transversales, que par une matérialisation cartographique ou événementielle (festival, exposition commune,...). Bien sûr, l'espoir est que certains projets puissent se pérenniser dans ces lieux tant au profit des collectifs et des propriétaires que de la ville en général.